
Écrit par
Baptiste Doisneau
19 sept. 2025
Stone Island interdit : la mode des hooligans
Au début des années 2000, Stone Island est passée d’icône du sportswear italien à symbole des hooligans britanniques, au point d’être bannie de certains pubs et clubs.
Stone Island : quand une marque de mode s’est retrouvée bannie de certains établissements britanniques
Au début des années 2000, Stone Island, marque italienne reconnue pour ses innovations textiles et son esthétique militaire, s’est retrouvée au cœur d’une polémique au Royaume-Uni. Non pas pour des questions de style ou de qualité, mais parce que son logo est devenu associé à une culture jugée indésirable par de nombreux lieux publics : celle des hooligans.
Des débuts avant-gardistes
Fondée en 1982 par Massimo Osti, Stone Island s’est distinguée dès ses origines par une approche expérimentale. Osti, souvent surnommé le « parrain du sportswear italien », multipliait les recherches sur les teintures, les traitements de tissus et les fibres techniques. Le fameux Tela Stella, tissu double face inspiré des bâches de camions militaires, a donné naissance aux premières vestes de la marque.
Très vite, le patch à la rose des vents cousu sur la manche gauche devient une signature immédiatement reconnaissable, à la fois gage de technicité et symbole identitaire. En 1983, il confie les rênes de la marque à Carlo Rivetti qui est encore aujourd’hui le directeur artistique. Il rachète définitivement la marque au milieu des années 90.


De la mode italienne aux tribunes britanniques
Dans les années 1990, Stone Island sort de son cercle de passionnés pour séduire une clientèle inattendue : les supporters de football britanniques. Ces « casuals » soignaient leur apparence et adoptaient des marques importées, coûteuses et exclusives, comme une façon d’afficher statut et appartenance sans porter les couleurs de leur club.
Stone Island devient alors un code visuel. Dans les stades, le badge se transforme en signe de reconnaissance entre initiés, parfois jusqu’à être utilisé comme drapeau de ralliement par des groupes violents.
2002 : l’interdiction dans certains clubs et pubs
Au tournant des années 2000, la presse britannique commence à pointer du doigt la marque. Dans plusieurs articles, Stone Island est décrite comme « l’uniforme des hooligans ». Certains pubs, discothèques et clubs privés instaurent alors des dress codes stricts : à partir de 2002, de nombreux témoignages rapportent que l’entrée est refusée aux porteurs du badge.
Ce n’était pas une interdiction légale, mais une pratique locale destinée à réduire les risques de bagarres en empêchant l’accès à des bandes perçues comme dangereuses. Comme l’explique Graduate Store, la marque était devenue « un uniforme imposé et revendiqué », cristallisant les craintes liées au hooliganisme.


Une réputation qui colle à la peau
Cette association a marqué durablement l’image de Stone Island au Royaume-Uni. Pendant des années, la marque a souffert d’une réputation ambivalente : label innovant et pointu en Italie, mais stigmatisé dans la culture anglaise comme symbole des tribunes violentes. Burberry a connu un phénomène similaire, au point de revoir entièrement sa stratégie de communication dans les années 2000 pour se défaire de cette image.


De l’ombre à la reconnaissance internationale
Malgré cette réputation sulfureuse, Stone Island n’a jamais cessé d’innover et de séduire au-delà du football. Ses collaborations avec Supreme ou Nike, son adoption par des rappeurs et des artistes, ainsi que son rachat par le groupe Moncler en 2020, ont contribué à repositionner la marque sur la scène internationale.
Aujourd’hui, Stone Island est autant portée par des amateurs de mode que par des célébrités comme Drake ou Travis Scott. Si son nom reste lié à la culture footballistique britannique, l’époque où un badge cousu sur la manche pouvait vous fermer les portes d’un pub appartient désormais au passé.